Partir au soleil ne doit pas ouvrir la porte aux abus. La Cour des comptes alerte sur l’ampleur des fraudes liées aux pensions versées hors de France. Les montants en jeu sont élevés, et les contrôles restent inégaux selon les pays. Le sujet touche la confiance dans le système. Chaque versement indu fragilise l’équité et pèse sur la solidarité nationale.
Ampleur du phénomène et fraudes favorisées par des failles
La retraite à l’étranger séduit pour des raisons claires : fiscalité avantageuse, coût de la vie plus bas et liens familiaux. Selon adcf.org, près de deux millions de pensionnés perçoivent chaque année environ six milliards d’euros hors de France. Cette masse financière attire, et expose le système aux comportements opportunistes lorsque les contrôles chancellent.
Selon la Cour des comptes, seuls 47,5 % des pensionnés à l’étranger ont un suivi fiable. Ce suivi repose sur des échanges d’état civil. Le reste dépend de démarches hétérogènes. Les délais, puis les incohérences, créent des zones grises. Les versements indus s’installent, faute d’alertes automatiques et d’accès unifié aux registres.
Les décès non déclarés expliquent une part notable des pertes, parce que les pensions continuent parfois plusieurs années. S’ajoutent des attestations de vie falsifiées, puis des dossiers mal vérifiés. Ces fraudes fragilisent la sécurité sociale, car elles détournent des moyens et minent la confiance, tandis que les retraités honnêtes subissent des contrôles plus lourds.
Mécanismes concrets des fraudes et les pays les plus exposés
Les stratagèmes restent connus : identités usurpées après un décès, bénéficiaires fictifs, pensions multiples obtenues avec de faux documents. La transmission manuelle de pièces papier empêche la comparaison rapide entre administrations. Les fichiers se recoupent mal, donc les anomalies perdurent, tandis que les circuits de paiement tardent à se fermer.
L’Algérie concentre un enjeu majeur, avec plus de 400 000 pensionnés recevant une retraite française. Le préjudice annuel y est estimé entre 40 et 80 millions d’euros. Le Maroc présente environ 12 millions d’euros de pertes. L’Espagne, l’Italie et le Portugal manquent de données fiables, donc la vigilance s’impose malgré l’absence de chiffrage consolidé.
Le contexte invite à revoir les méthodes de contrôle, comme d’autres secteurs renforcent la surveillance. Le retrait progressif des caisses automatiques dans certaines grandes enseignes illustre cette adaptation. La même ambition s’impose face aux fraudes de retraite, avec des process plus clairs et des vérifications systématiques.
Coopération, outils numériques et rôle des caisses
Priorité stratégique : étendre les accords d’échange d’état civil et sécuriser des flux électroniques normalisés. La Cnav doit piloter une évaluation chiffrée et rigoureuse, comme le réclame le député à l’origine de l’audit. L’objectif reste double, prévenir les cas et récupérer les montants indus, tout en respectant les droits des pensionnés de bonne foi.
La digitalisation des systèmes, puis la mutualisation entre Cnav et Agirc-Arrco, améliorent la détection. Des bases partagées croisent les registres, parce que les écarts se repèrent mieux. La reconnaissance biométrique et la télé-déclaration d’existence réduisent le risque de falsification. Les justificatifs deviennent plus sûrs, alors les circuits de paiement se régularisent plus vite.
Les obstacles demeurent réels : complexité des échanges, règles locales disparates, accès inégal aux registres. La mobilité des pensionnés complique la mise à jour des dossiers, car les trajectoires changent de pays. Pourtant, des équipes dédiées et des audits ciblés limitent les fraudes persistantes, tandis que des tableaux de bord opérationnels suivent les écarts en continu.
Assurer la légitimité des pensions versées hors frontières
Protéger la solidarité exige des contrôles efficaces et proportionnés. L’extension des accords, la preuve d’existence sécurisée et la coordination des caisses réparent les failles les plus coûteuses. Les fraudes reculent lorsque les données circulent vite, que les responsabilités sont claires et que les recouvrements s’organisent. Ce cap restaure la confiance, puis garantit la justice entre retraités, où qu’ils vivent. Ainsi, chaque euro versé retrouve sa légitimité.