Les Linky vont être contrôlés deux fois plus souvent : les agents interviennent chez les clients et gare à ceux qui refusent

Contrôles accrus à domicile, procédures clarifiées et droits des abonnés face aux suspicions de fraude

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Un simple courrier suffit désormais à faire grimper la tension chez soi. Enedis annonce l’intensification des visites de contrôle et vise les compteurs Linky jugés à risque. Le ton administratif évoque des événements anormaux et une vérification programmée. Cette campagne interpelle, car elle touche des millions d’abonnés et peut déboucher sur des décisions lourdes. Mieux vaut comprendre les règles du jeu avant l’arrivée d’un technicien au pas de la porte.

Contrôles renforcés : ce que vise Linky aujourd’hui

L’enveloppe arrive d’ici la fin de l’année ou courant 2026. L’objet mentionne un « contrôle du dispositif de comptage ». Le message parle d’une « succession d’événements caractéristique d’une situation de fraude ». Ce vocabulaire installe le doute et fixe une visite. Le calendrier paraît imposé, parfois sans marge.

Enedis cible près de 39 millions de foyers équipés de compteurs communicants. Les contrôles passent d’environ 12 000 en 2024 à 30 000 en 2025. Une nouvelle hausse est annoncée pour 2026. Le rythme s’accélère et change l’échelle des interventions.

Les équipes dédiées ont été doublées, de 250 collaborateurs en 2024 à un effectif renforcé en 2025. Ce changement d’échelle traduit une volonté claire de traquer les anomalies. Il bouscule les repères et impose une vigilance neuve, face à Linky et à la procédure.

Lettre, visite et menace de coupure : étapes clés du contrôle

Tout part d’un profil de consommation jugé atypique. Une baisse brutale ou des écarts prolongés lancent l’analyse. L’entreprise décide alors d’une inspection. Le courrier précise la date et annonce la venue d’un technicien. Le ton se veut factuel, mais la pression reste réelle.

Le jour J, l’agent vérifie l’installation, les scellés et les relevés. Il compare les données visibles avec l’historique. Il cherche des dispositifs détournant une partie du courant. Chaque étape peut être expliquée au client. Poser des questions, demander un compte rendu et garder une copie du constat restent essentiels.

Refuser l’accès au compteur expose à une sanction immédiate. Enedis mentionne la possibilité d’une coupure totale d’électricité dans un délai de dix jours après la visite. La mesure reste rare, mais elle existe. Dans tous les cas, l’occupant conserve des droits, même avec Linky.

Fraudes courantes et réseaux sociaux : méthodes, coûts et risques

Les montages visent à réduire artificiellement la facture. La méthode la plus répandue consiste à installer un câble de dérivation, ou shunt, qui contourne une partie du courant. Le compteur n’enregistre alors qu’une fraction mesurée. Le procédé paraît artisanal, mais il s’appuie sur des schémas rodés.

Depuis 2022, ces « astuces » se diffusent en ligne. Des profils proposent des manipulations à domicile pour quelques centaines d’euros. Ils promettent parfois une baisse de 70 % des montants facturés. Ce marché parallèle nourrit une banalisation inquiétante du vol d’énergie. Les preuves circulent dans des groupes privés.

Pour Enedis, le préjudice dépasse 250 millions d’euros. Au-delà du coût, le danger matériel est réel. Un branchement illégal peut provoquer incendie ou électrisation. Les sanctions pénales sont lourdes. Le remboursement de l’énergie détournée s’ajoute aux amendes, compteur Linky ou non.

Chiffres, calendrier et moyens : le cap fixé autour de Linky

Depuis 2024, l’entreprise a nettement renforcé son dispositif. Les contrôles se sont intensifiés en 2025, avec des objectifs encore à la hausse en 2026. Cette continuité stratégique change l’échelle de la lutte. Elle signale au passage une volonté d’exemplarité sur l’ensemble du territoire.

Les ressources suivent la même courbe. Les effectifs spécialisés ont été progressivement doublés pendant 2025. Cette montée en puissance s’explique par l’explosion des cas détectés depuis 2022. L’objectif affiché reste de réduire un préjudice supérieur à 250 millions d’euros. Le compteur connecté devient la pierre angulaire des vérifications, notamment pour Linky.

Les foyers le ressentent concrètement. Les contrôles domiciliaires se multiplient et structurent le dialogue avec le terrain. Les clients scrutent leurs historiques de consommation et conservent leurs relevés. Ces réflexes facilitent la discussion avec le technicien et sécurisent les suites possibles.

Accusations à tort, UFC-Que Choisir et cas concrets de contestation

La mécanique produit aussi des faux positifs. Début juillet 2025, l’UFC-Que Choisir rapporte des courriers adressés à des clients qui s’estiment accusés de manière infondée. Le président Jacky Hébert dénonce une inversion du fardeau de la preuve. Des ménages doivent démontrer leur innocence pour éviter un redressement.

L’exemple de Sylvain V., 64 ans, montre le risque. Entre 2021 et 2023, sa consommation chute fortement. Après le passage du technicien, Enedis réclame 1 500 euros. Sylvain explique que le logement, appartenant à sa mère décédée en 2020, est resté inoccupé jusqu’à son installation en 2023.

D’autres profils connaissent des baisses légitimes après travaux, départ en retraite ou longue absence. Sans contexte, l’algorithme signale pourtant une anomalie. Le contrôle devient alors mécanique. Dans ces situations, conserver pièces et échanges protège l’abonné, avec ou sans Linky.

Pour éviter l’erreur et défendre ses droits face aux contrôles à domicile

Recevoir un courrier ne signifie pas être coupable. Réunir factures, relevés et justificatifs d’occupation éclaire le dossier. Pendant la visite, demandez des explications et une copie du constat. En cas de désaccord, mentionnez vos réserves par écrit. Si la régularisation paraît injuste, activez les recours disponibles. Cette rigueur protège aussi les clients équipés de Linky. Elle évite des erreurs coûteuses et rétablit un dialogue utile avec le gestionnaire. Conservez chaque échange écrit et chaque justificatif daté.

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