Un voilier qui se tait, et deux vies dont on guette le moindre signe. Au large des Bermudes, la traversée de Marie Descoubes et de son coéquipier bascule soudain dans le doute. Le signal GPS se coupe, la radio se tait, l’océan reprend son silence. Autour d’eux, seule l’inquiétude des proches continue de monter, vague après vague. Dans ce coin d’Atlantique, chaque heure sans nouvelles semble peser plus lourd que la précédente.
Un silence radio qui inquiète les proches de Marie Descoubes
Un silence radio s’est installé à bord du SV Liahona, voilier de 11,3 mètres où navigue la Française Marie Descoubes, raconte rtl.fr. Depuis le 6 novembre, date retenue par la famille, plus aucun message ne vient du bord. Pour les proches, chaque journée sans contact ressemble désormais à une traversée dans le brouillard.
Le GPS du bateau a cessé de transmettre sa position alors que l’unité approchait des Bermudes. D’après sa mère, une panne de carburant aurait coupé l’électricité à bord et rendu les communications impossibles. Dans cette zone de l’Atlantique, une tempête sévère complique encore la situation et fait craindre le pire scénario.
Sur Facebook, la mère de la navigatrice multiplie les appels aux marins présents dans le secteur. Elle décrit la navigation comme solide et prudente, mais dit aussi son angoisse. L’arrêt des recherches aériennes renforce ce sentiment de vertige face à l’immensité de l’océan.
Itinéraire du voilier et dernières recherches autour de Marie Descoubes
Le SV Liahona assure un convoyage entre l’État du Maine et Porto Rico. Une escale est prévue aux Bermudes le 6 novembre. La dernière position connue remonte à la soirée du 5 novembre. Elle est enregistrée à 20 h 12, à seize heures de navigation des îles.
À ce moment précis, le capitaine prévient son équipe à terre qu’il manque de carburant. Depuis cette alerte, plus aucun message ne parvient ni par GPS ni par radio. Le silence de la balise inquiète d’autant plus qu’aucun signal de détresse n’a été déclenché.
Les garde-côtes américains et le centre de coordination des Bermudes connaissent bien leur profil. Ils savent que Marie Descoubes et Nathan Perrins sont des marins expérimentés. Ils lancent malgré tout des recherches intensives, avec un avion C-130 et des hélicoptères.
Un parcours de navigatrice construit autour de l’autosuffisance
Derrière le visage souriant de la skippeuse se cache un projet engagé. Originaire de La Rochelle, la navigatrice de 28 ans a fondé l’association Élément Terre Sail. Elle veut défendre une manière de voyager plus sobre. Depuis septembre 2023, elle mène un tour du monde en voilier, centré sur l’autosuffisance et la protection de l’environnement.
Avant de prendre la mer, elle travaillait dans le commerce. Elle a tout quitté en 2020 pour rejoindre des fermes et associations écologiques en Amérique latine. Ces rencontres avec des communautés autonomes ont façonné sa manière de naviguer, attentive aux ressources et à la météo. Son bateau principal, actuellement en réparation au Guatemala, doit lui permettre de poursuivre ce long périple.
Pour financer ce projet, Marie Descoubes accepte ponctuellement des convoyages comme celui du SV Liahona. Pour ses proches, ce trajet devait rester une étape de travail, pas le point de départ d’une inquiétude mondiale.
Un voilier de hauturière bien équipé, mais introuvable
Le SV Liahona n’est pas un bateau de plaisance. Ce cotre de 11,3 mètres a été construit en 2005 par le chantier Pacific Seacraft. Il est réputé pour sa robustesse en haute mer. Sa coque blanche et son tableau arrière en forme de canoë le distinguent sur l’eau. Une bande bleu foncé souligne encore sa silhouette.
À bord, l’équipement de sécurité est conséquent pour un voilier. Le bateau dispose d’un GPS Garmin InReach et d’une balise de détresse EPIRB référencée 2DCC4 40DE6 FFBFF. Il possède aussi l’indicatif d’appel WDC5117 et probablement un récepteur AIS. En théorie, ces instruments doivent faciliter les recherches et le suivi de la position.
Pourtant, aucun de ces systèmes n’a pour l’instant permis de localiser précisément l’équipage de Marie Descoubes. L’hypothèse d’une panne électrique généralisée revient souvent dans les échanges entre spécialistes. Elle ne permet cependant pas de conclure sur le sort du voilier.
L’espoir d’une mère et la mobilisation des marins
Face à l’absence de nouvelles, la mère de la navigatrice tente un équilibre entre alerte et confiance. Sur Facebook, elle rappelle que sa fille est une excellente marin. Elle répète qu’avec elle, il ne faut pas s’inquiéter trop vite. Elle craint même que la jeune femme lui reproche d’avoir dramatisé la situation.
Dans ses messages, elle décrit aussi précisément le voilier et la zone de navigation. Elle espère que ces détails permettront à un plaisancier de croiser la route du SV Liahona. Le voilier peut avoir choisi une route directe vers Porto Rico ou vers les îles Hamilton. Chaque partage d’information devient une bouée jetée dans l’Atlantique.
Plus récemment, la mère de Marie Descoubes a tenu à rassurer ceux qui la suivent. Elle insiste sur le fait que sa fille n’a pas « disparu ». Elle manque de moyens de communication, situation fréquente en mer au long cours.
Pourquoi cette disparition interroge aussi la communauté des navigateurs
Dans les ports comme sur les réseaux, cette histoire rappelle la fragilité de toute traversée océanique. Les marins savent qu’un simple enchaînement de pannes suffit parfois à isoler totalement un équipage. Pourtant, beaucoup continuent de croire à un épisode difficile dont Marie Descoubes et son coéquipier pourraient revenir épuisés, mais vivants. En attendant, chaque partage d’appel, chaque regard posé sur l’horizon est une façon silencieuse de rester à leurs côtés.